Magie de la crèche Marseillaise
Dans la vie, au croisement d’un chemin, ici ou là, nous faisons parfois de drôles de rencontres qui changent notre univers, pour bien longtemps.
C’est ainsi, en remontant à pieds toute la Canebière, que j’ai découvert un nouveau monde. Un pays où les habitants ne mesurent que quelques centimètres.
Une contrée d’hommes, de femmes, d’enfants, d’animaux aussi, qui chantent, dansent, rient, causent, travaillent, jouent aux cartes, aux billes ou à la pétanque et vous invitent à rêver.
C’est la, en 2008, aux pieds de l’église des Réformés, nom prémonitoire, que j’ai été touchée par la grâce.
Une nouvelle passion est née pour moi, l'art de la crèche et de ses santonniers, que je découvre en son berceau français, la Provence et Marseille.
Voici donc ma 1ère crèche 2008
Un brin d'histoire...
Au Moyen Age, les pièces de théâtres et les représentations scéniques étaient très appréciées en Europe. Elles étaient en général assez crues, animées et équivoques.
Les débordements qui les entouraient étaient incontrôlables. Leur contenu, symbolique, puisait souvent dans les traditions et les rites païens.
Au lieu d'interdire formellement ces pratiques païennes, l'Église tenta de leur opposer des pièces et tableaux vivants qui avaient pour thème principal la naissance du Sauveur selon les données des Évangiles de Mathieu et de Luc.
Ces pièces étaient jouées au cours de la célébration liturgique pour la rendre plus présente aux yeux des fidèles et attiser la foi.
Les premières crèches ressemblant à celles que nous connaissons, font leur apparition dans les églises au XVIème siècle.
Une crèche d'église, à Prague en 1562, figure parmi les plus anciennes connues.
Progressivement les crèches entrent dans les maisons. Elles sont d'abord constituées de petites figurines de verre filé de Nevers, de porcelaine, de cire, de mie de pain ou de bois sculpté.
En France, l'interdiction faite pendant la Révolution de présenter en public des scènes religieuses, favorise le développement des crèches domestiques et le commerce des petits personnages...
...parmi lesquels des bergères aux joues roses en costume du XVIIIème siècle et bien d'autres représentations.
Depuis, la tradition des crèches s'est développée dans le monde entier.
Certaines sont même en argent en Roumanie, en métal ciselé en Haïti. En Amérique Latine, on compte autant de crèche que de village. Elles sont en bois, en terre cuite, en pâte à sel ou même en sucre.
A partir du XIXème siècle, la crèche provençale devient la plus populaire.
Elle finit par représenter tous les métiers de l'époque en costume local des années 1820 à 1850. Ces petits santons rappellent la simplicité originelle de la grotte de Bethléem.
Les personnages étaient alors façonnés avec de la mie de pain séchée, puis peints à l'huile et au vernis.
La tradition des crèches s'est développée dans le monde entier.
Certaines sont même en argent en Roumanie , en métal ciselé en Haïti. En Amérique Latine, on compte autant de crèche que de village. Elles sont en bois, en terre cuite, en pâte à sel ou même en sucre.
A partir du XIXème siècle, la crèche provençale devient la plus populaire.
Elle finit par représenter tous les métiers de l'époque en costume local des années 1820 à 1850.
Ses petits santons rappellent la simplicité originelle de la grotte de Bethléem.
Les personnages étaient alors façonnés avec de la mie de pain séchée, puis peints à l'huile et au vernis.
Le matériau utilisé est l'argile locale de Marseille ou d'Aubagne, de couleur rouge. Le plastique, le plomb ou le plâtre sont proscrits.
Marseille est capitale santonnière depuis 1803.
Où, quand, comment installer sa crèche ?
Il est d'usage d'installer sa crèche le 1er dimanche de l'Avent, ou pour la Saint Nicolas ou éventuellement pour le dernier dimanche avant Noël.
Il faut lui trouver une place de choix dans la maison, puis aménager un décor qui la mette en valeur.
Adossée au mur, quelques bûches de bois, de grosses pommes de pin, de la mousse, de la paille, des cailloux blancs ramassés à la plage, composent un décor naturel.
De la terre de bruyère, une ardoise peuvent composer le toit de la crèche.
On peut aussi réaliser un petit mas provençal ou une grotte en papier rocher avec au sommet un ange et une étoile. Et, bien sur l’éclairer de la façon qui convient à chacun.
Chacun à sa méthode pour rendre la crèche plus vivante et mettre en place des rituels pour apporter les personnages.
La crèche et ses santons restera dans nos maisons jusqu'au 2 février, date de la présentation de Jésus au Temple.
Entre temps, les Rois mages sont arrivés le 6 janvier, jour de l'Epiphanie.
L’histoire raconte que, venus d'Orient, trois rois se mirent en route en suivant la lumière de l'étoile du berger, qui les guida jusqu'à Bethléem.
Après plusieurs passages au (superbe et à ne pas manquer) marché aux santons de Marseille, je suis totalement séduite par les centaines, peut être milliers, de petits personnages d'argile: les santons.
Le nom des santons vient du provençal "santoun" qui signifie "petit saint".
Dans un cadre provençal, ici borie (cabane en pierres sèches), ruches et champ de lavande en restanques, les santons s'animent et semblent vivre.
Je peux rester des heures à rêver devant le mas provençal et la fontaine du village, avec ses gouttes d'eau à chaque jet.
Riche de toutes ces indications et de bien d’autres, glanées au cours de mes promenades au marché aux santons, pour la première fois, j'ai imaginé une crèche.
Je me suis armée de papier et carton, de sables et cailloux ramassés sur la plage, de peinture, de terreau, mousses et plantes.
J’ai longuement réfléchi à la meilleure manière de créer la mer, la montagne et me suis fait aider, bien sur par les merveilleux santonniers de la région...
Les santons sont de GATEAU & FILS ainsi que CARBONEL à Marseille, de DIDIER, de SANTONS MAGALI à Aubagne qui crée de très amusants personnages et du célèbre ESCOFIER lui aussi à Aubagne
Les décors comme le mas, la fontaine, le borie avec ses ruches et lavandes, le moulin et les petits tonneaux, le baquet à linge et les draps qui sèchent sont travaillés avec une attention particulière aux détails et un goût très fin par L'ATELIER DE FANNY à Plan de Cuques: www.atelierfanny.com
Voici mes santons
Les plus traditionnels, comme le berger mistral - ou coup de vent et le berger prieur
La femme au tricot, qui pour moi est devenue gardienne d'oie cette année et Monsieur le boulanger avec ses miches et son chat noir...
Deux danseuses et un danseur de farandole, ceux-là sont arlésiens, mais il en existe beaucoup d’autres. La farandole est accompagnée par le tambourinaire et le violoniste.
N’oubliez pas de rajouter quelques pièces en passant dans son étui à violon.
Marie qui porte l'enfant avec Joseph et l’Ange
Cette pièce « Marie de l’Avent » a été crée par Daniel Coulomb pour Escoffier & Fils à Aubagne et bénéfice, en tant un santon de collection d’un certificat d'authenticité.
La nuit du 24 au 25 décembre, lorsque vient le moment de coucher « lou pitchoun » au cœur de la paille, elle sera remplacée par Marie adorant l’enfant.
On retrouvera la famille au complet: Marie, Jésus et Joseph avec le bœuf et l'âne gris
Les Rois Mages
Gaspard (à genoux) et Melchior accompagnés du chamelier avec son animal.
L'origine des Rois mages est aujourd'hui encore obscure. On les dits savants, riches mais errants. Ces mystérieux personnages alimentèrent l'imaginaire qui enveloppe Noël.
Une chanson populaire raconte comment les Rois mages sont venus d'Afrique.
Pour l'Evangile, ils arrivèrent de l'Orient. Peut être viennent ils tout simplement du mystérieux pays d'où sont originaires les Saintes Maries de la Mer et qui porta longtemps le nom d'Egypte.
Balthazar accompagné du cornac et de son éléphant.
La symbolique des cadeaux en reste assez obscure, mais je me suis laissé dire que l'or de Melchior célébrait la royauté, l'encens de Balthazar la divinité et la myrrhe de Gaspard annonçait la souffrance rédemptrice de l'homme à venir sous les traits de l'enfant.
Une légende russe raconte qu'il existe un 4ème Roi mage, qui conduit sur la steppe un traineau tiré par des rennes et rempli de cadeaux pour les enfants.
Depuis 2000 ans il a renoncé à trouver l'enfant Jésus, alors il comble de cadeaux les enfants qu'il rencontre en cours de route.
Dans votre crêche, vous ne pouvez vous passer de:
L’ange Boufaréou et le bienheureux ravi et la laitière
La porteuse de cruches, celle-là ainsi que la porteuse d’eau existe aussi en version « corse » avec le fichu noir, ça sera pour l’an prochain…
...et La bugadière avec un vrai savon de Marseille minuscule dans son bac à linge
L'arlesienne à cheval et le cueilleur d'olives.
Le moulin à vent, dans la colline, avec le meunier et le coupeur de fagots Le meunier a sa brouette qu’il pousse sur le chemin et l'homme au fagot, lui, a un billot avec une hache et un tas de bois prêt à garnir l’âtre.
Il y a aussi le célèbre "pointu" ou « barque marseillaise » dont la forme est immuable depuis la nuit des temps. Il est l'emblème de la Bonne Ville et l'embarcation incontournable d'un pêcheur qui se respecte.
Ici, le pêcheur en mer, à ne pas confondre avec le pêcheur en rivière, peuchêreu!!! avec son pointu et deux petits pêcheurs à la ligne à bord
Et le pêcheur au filet avec sa pipe incandescente et son panier plein de poissons
Le rémouleur travaille et la cueilleuse de lavande dans son champs...
...et le livreur de glace. Je me souviens d’en avoir croisé, petit fille, à la porte Brunet, avec leur gros bloc de glace et leur sac de jute sur l’épaule
Place à la fantaisie
arrivent alors le curé et le peintre provençal
Et c’est ici que commence une représentation plus personnelle.
Puisque la tradition invite à faire figurer ses proches dans sa crèche, ce peintre-ci, pour moi, est corse et s'appelle François, mon père.
Bien connu pour ses toiles sous-marines, il avait le don de
reproduire d'autres œuvres, ici un tableau à la Cézanne peut être...
…Et ma mère, Nané, très chouette "prof" aimée de ses élèves qui nous a tous beaucoup appris et nous apprend encore...
Bien sur Nané était prof d’histoire, géographie et lettres et le tableau est couvert de mathématiques, matière sauvage et incompréhensible, comme chacun sait.
Mais Nané nous enseignait aussi le calcul mental dans lequel elle excelle toujours à bientôt 87 ans.
Ma mère, donc, entourée de ses petits-enfants...
… de gauche à droite, Swan avec son cartable, son ardoise et son ballon, avec Clémentine aux couettes joliment ornées de nœuds rouges qui réfléchis sérieusement et Caroline avec sa poupée et sa corde à sauter…
Mon frère Tintin, qui a un "bon coup de fourchette" est là avec sa femme Dany excellente cuisinière...
…et les joueurs de pétanque avec celui qui mesure le point à la cordelette et.... Milady.
Milady est une parisienne élégante (hum… !) qui est venue habiter à Marseille et qui apprend à jouer aux boules.
Ça ne vous rappelle personne?
Si, moi bien sur!
Eh non, vous ne rêvez pas, vous les avez reconnus, Vincent et Benoît sont aussi venus célébrer la noël.
A droite Benoît dans le rôle du médecin de campagne et à gauche Vincent en avocat.
En Provence, les gitans, peuple libre des Saintes Maries de la Mer, se joignent aux villageois pour célébrer la naissance de l'enfant.
Les crèches ont donc leur campement de gitans.
Ici la roulotte encore attelée, ils viennent d'arriver!.
…ils profitent de cette halte. La gitane allaite son enfant avec le montreur d'ours
et un gitan qui vient dételer son cheval.
Il me manque encore beaucoup de traditionnels, comme le berger couché, le vieux et l'enfant. Il reste de nombreux thèmes à mettre en scène...
… et devinez qui est ce charmant
personnage qui trône sur son nuage en regardant les pitchoun d'en bas...
Il se gratte la barbe, a-t-il donc oublié quelque chose, ou se demande-t-il si les humains ne sont pas, finalement, de bien étranges santons?
En février 2009, les santouns
sont retournés dans leur monde irréel pour réapparaitre en décembre.
Alors, c'est sur, cette année, je vous en montre plein d'autres!